L’entrée du roi était fixée au 6 octobre. Les citoyens lui préparaient une réception triomphale. Pour le défilé des corporations, les syndics des marchands avaient découvert dans la sacristie de la cathédrale deux anges qui, cinquante ans auparavant, sous la république Ambrosienne, avaient représenté les génies de la liberté nationale. Les ressorts qui mettaient les ailes en mouvement avaient faibli. Les syndics en confièrent la restauration à l’ancien mécanicien ducal, Léonard de Vinci.
À ce moment, Léonard était occupé à l’invention d’une nouvelle machine volante. Un matin, de très bonne heure, presque à l’aube, il était assis devant ses croquis et ses calculs. La légère carcasse de roseau tendue de taffetas ne rappelait plus la chauve-souris, mais une hirondelle géante. Une des ailes était terminée et mince, aiguë, élégante, se dressait du parquet au plafond, et au bas, dans son ombre, Astro arrangeait les ressorts brisés des deux anges de la commune de Milan.
Pour cette fois, Léonard avait décidé d’imiter le plus possible la structure des oiseaux, dans lesquels la nature donne le meilleur modèle de machine volante. Il espérait toujours exprimer par les lois mécaniques le miracle du vol. Apparemment, tout ce qu’on pouvait savoir il le savait, et cependant il sentait qu’il existait dans le vol un mystère, impossible à condenser dans une formule. De nouveau, comme dans ses premiers essais, il revenait à ce qui différencie la création de la nature de la création humaine, la