Page:De Merejkowsky - Le Roman de Léonard de Vinci, 1907.djvu/43

Cette page n’a pas encore été corrigée

Sans lever les yeux fixés sur la statue, il sentait derrière lui l’homme au visage étrange.

— La villa est à deux pas, dit messer Cipriano après un instant de réflexion. Les grilles sont solides et peuvent soutenir tous les assauts…

— C’est vrai ! s’écria Grillo ravi. Allons, mes amis ! Vivement, enlevons !

Il s’occupait de la conservation de l’idole avec une tendresse paternelle. On transporta la statue sans accident : mais à peine avait-on franchi la porte de la villa qu’apparut la silhouette menaçante du père Faustino, les bras levés au ciel.

Le rez-de-chaussée de la villa était inhabité. L’énorme salle, aux murs blanchis à la chaux, servait de dépôt aux instruments aratoires et aux grands vases de grès contenant l’huile d’olive. Tout un côté était occupé par un tas de paille montant jusqu’au plafond en une masse dorée.

On étendit la statue sur cette paille, humble lit campagnard.

Des cris, des jurons, des coups furieux dans la grille, retentirent.

— Ouvrez ! ouvrez ! criait le père Faustino. Au nom du Dieu vivant, je vous en conjure, ouvrez !

Messer Cipriano, gravissant l’escalier intérieur, monta jusqu’à une lucarne que protégeaient des barres de fer, contempla les assaillants, se convainquit de leur faible nombre et, avec le sourire qui lui était habituel, plein de rusée politesse, commença les pourparlers.