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XV

Au début du mois de mars 1499, Léonard, inopinément, reçut du trésor ducal ses deux ans d’appointements en retard.

À ce moment, le bruit se répandait que Ludovic le More, atterré par la nouvelle de la triple alliance conclue contre lui, par Venise, le pape et le roi Louis XII, avait l’intention, dès l’apparition de l’armée française en Lombardie, de fuir en Germanie auprès de l’Empereur. Désirant conserver la fidélité de ses sujets durant son absence, le duc allégeait les impôts, payait ses créanciers et comblait de cadeaux ses intimes.

Peu de temps après, Léonard fut favorisé d’un nouveau témoignage de la faveur ducale.

« Nous, Maria Sforza, duc de Milan, gratifions au très célèbre maître Léonard de Vinci, artiste florentin, seize perches de vigne, acquises au couvent Saint-Victor, près de Porta Vercellina », mentionnait l’acte de donation.

L’artiste se rendit auprès du duc pour le remercier. L’entrevue avait été fixée le soir. Mais il fallut attendre jusqu’à la nuit, car le duc était accablé de besogne. Il avait passé toute la journée en des discussions ennuyeuses avec les trésoriers et les secrétaires, vérifiant les comptes des munitions de guerre, débrouillant et embrouillant le filet de trahisons et de basses tromperies