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pudiquement nu, de ce visage superbe. Aux temps où Aphrodite dominait le monde, personne ne l’avait jamais contemplée avec un amour plus dévot.


VI

La cloche de la petite église de San Gervasio retentit. Tout le monde se retourna et se tut. Ce son, dans le calme matinal, ressemblait à un cri de colère. Par instants, la voix aiguë, chevrotante, s’apaisait, comme brisée, mais aussitôt reprenait son appel désespéré.

— Jésus, aie pitié de nous ! s’écria Grillo s’arrachant les cheveux, c’est notre curé, le père Faustino ! Regardez… la foule sur la route… on crie… on nous a vus, on agite les bras. On court ici. Je suis perdu !

De nouveaux personnages arrivèrent près de la colline. C’était le reste des invités aux fouilles arrivés en retard. Ils s’étaient égarés et ne pouvaient retrouver leur route.

Beltraffio leur jeta un coup d’œil, et tout absorbé qu’il fût par la contemplation de la statue, le visage de l’un d’eux le frappa. L’expression de calme attention et de curiosité aiguë avec laquelle l’inconnu se prit à examiner la déesse exhumée, et qui était en si complète opposition avec l’émoi de Giovanni, surprit ce dernier.