Page:De Merejkowsky - Le Roman de Léonard de Vinci, 1907.djvu/412

Cette page n’a pas encore été corrigée

Mais lorsque Beltraffio examina plus attentivement cet adolescent aux cheveux roux et épais, au front bas, aux lèvres fortes, il reconnut le Christ, non pas celui des icônes, mais comme quelqu’un qui L’a vu, oublié et de nouveau retrouvé.

Dans la tête inclinée comme une fleur sur une tige trop faible, dans le regard naïvement enfantin de ses yeux baissés, il y avait le pressentiment de cette dernière et affreuse minute du mont des Oliviers, lorsque, effrayé et triste, Il avait dit à ses disciples : « Mon âme souffre mortellement », et s’éloignant sur un roc, tomba face contre terre en murmurant : « Ô Père ! tout T’est possible. Éloigne cette coupe de moi. Pourtant que Ta volonté soit faite. » Et encore, une seconde et une troisième fois, Il répéta : « Mon Père, si je ne puis éviter de boire à cette coupe, que Ta volonté soit faite. »

Et se trouvant en état de lutte, Il priait plus ardemment et Sa sueur tombant sur la terre semblait des gouttes de sang.

« Pourquoi priait-Il ? songea Giovanni. Comment demandait-Il que ne soit pas ce qui ne pouvait ne pas être, ce qui était Sa propre volonté, le but de Sa venue au monde ? Aurait-Il souffert comme moi et lutté jusqu’au sang contre ces mêmes et terribles pensées doubles ? »

— Eh bien ? demanda Léonard qui s’était absenté de la pièce. Mais il me semble que de nouveau tu…

— Non, non, maître ! Oh ! si vous saviez comme