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Courant à la taverne de L’Aigle-Vert où les mercenaires suisses passaient la nuit à jouer, Jacopo revint avec deux brocs de vin.

Le vin augmenta la gaieté. Le gamin le versait, tel Ganymède, de très haut, et de façon que le rouge moussât rose et que le blanc moussât doré ; et, enchanté à l’idée qu’il régalait de sa poche, sautait, se contorsionnait et, imitant les promeneurs ivres noctambules, chantait la chanson du Moine défroqué :


Au diable la soutane, la capuche, le chapelet !
Hi hi hi et ha ha ha !
Eh ! vous les jolies filles.
À pêcher je suis prêt !


Ou bien encore l’hymne solennel de la folle Messe de Bacchus, inventé par les étudiants :


Ceux qui mettent de l’eau dans le vin
Comme des éponges s’imbiberont.
Et dans le feu de l’enfer
Les diables les sécheront.


Jamais, semblait-il à Giovanni, il n’avait mangé et bu avec autant de plaisir, comme à ce misérable souper de Léonard, composé de fromage sec, de pain rassis et de vin frelaté payé avec l’argent, volé probablement, de Jacopo.

On but à la santé du maître, à la gloire de l’atelier, à la richesse et à chacun.

Pour conclure. Léonard, contemplant ses élèves, dit avec un sourire :

— J’ai entendu dire, mes amis, que saint François