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se ridaient, ne paraissaient plus que deux fentes ; le visage prenait une expression d’enfantine naïveté, et il secouait la tête, essuyait ses larmes, s’esclaffait d’un rire très aigu, étrange pour sa taille et sa corpulence, dans lequel sonnaient les notes féminines comme dans ses cris de colère.

À minuit, ils eurent faim. On ne pouvait se coucher sans souper, d’autant plus qu’ils avaient plutôt légèrement dîné, Marco était parcimonieux.

Astro apporta tout ce qu’il avait trouvé : des restes de jambon, du fromage, quatre douzaines d’olives et une miche de pain de froment rassis. Il n’y avait pas de vin.

— As-tu bien incliné la barrique ? lui demandaient les compagnons.

— Parbleu ! Dans tous les sens. Pas une goutte.

— Ah ! Marco, Marco, qu’as-tu fait de nous ! Que faire sans vin ?

— Allons, voilà bien votre chanson, Marco et Marco. Suis-je fautif s’il n’y a plus d’argent ?

— Il y a de l’argent et il y aura du vin ! cria Jacopo en lançant vers le plafond une pièce d’or.

— D’où l’as-tu, diablotin ? Tu as encore volé ? Attends, je te frotterai les oreilles, dit Léonard en le menaçant.

— Mais non, messer, je ne l’ai pas volé, vrai Dieu ! Que je crève de suite, que ma langue se dessèche, si je ne l’ai gagné aux osselets !

— Prends garde, si tu nous régales avec le produit d’un larcin.