— Probablement parce que tu n’enlèves pas la peau des noix, observa Léonard. Elle ressort ensuite sur la toile et noircit les couleurs.
— Vous entendez ? s’écriait Marco triomphant. La plus belle production de l’art, à cause de cette misérable saleté, d’une pelure de noix, peut être perdue à jamais ! Et vous riez quand je dis qu’il faut observer les règles avec une précision mathématique…
Les élèves, tout en suivant attentivement la préparation de l’huile, causaient et s’amusaient. En dépit de l’heure tardive, personne ne songeait à dormir, et sans écouter les grognements de Marco qui tremblait pour la moindre bûche, ils jetaient joyeusement le bois dans l’âtre.
— Racontons des histoires ! proposa Salaino.
Et le premier il conta la nouvelle du prêtre qui, le samedi saint, allait bénir les maisons, et étant entré chez un peintre avait aspergé tous ses tableaux.
« —Pourquoi as-tu fait cela ? lui demanda l’artiste.
« —Parce que je veux ton bien ; car il est dit : “Le Ciel vous rendra au centuple une bonne action.”
« L’artiste ne répondit pas. Mais lorsque le curé ouvrit la porte qui donnait sur la rue, il lui versa sur la tête un seau d’eau froide en criant :
« —Voilà, du Ciel, le centuple de la bonne action que tu as faite en m’abîmant tous mes tableaux. »
Les nouvelles suivirent les nouvelles, les unes plus stupides que les autres. Tous s’amusaient follement, et Léonard plus que tous les autres.
Giovanni aimait l’observer quand il riait. Ses yeux