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était venu pour rien sur la terre, qu’il est mort et n’est pas ressuscité, qu’il s’est consommé dans son cercueil. Et quand il a dit cela, j’ai pleuré. Il a eu pitié de moi, m’a consolé en me disant : « Ne pleure pas, mon petit, il n’y a pas de Christ, mais il y a l’amour ; le grand amour, fils de la science parfaite ; celui qui sait tout, aime tout. (Vous voyez, il se servait de vos paroles !) Auparavant, l’amour provenait de la faiblesse, des miracles et de l’ignorance ; maintenant, de la force, de la vérité et de la science, car le serpent n’a pas menti : goûtez le fruit de l’arbre de la science et vous serez pareils aux dieux. » Et après ces paroles, j’ai compris qu’il était le diable, je l’ai maudit, et il est parti en me disant qu’il reviendrait…

Léonard écoutait avec une attention curieuse, comme s’il ne s’agissait plus du délire d’un malade. Il sentait que le regard de Giovanni pénétrait dans la plus secrète profondeur de son cœur.

— Et le plus étrange, murmura l’élève en s’écartant lentement du maître, le plus répugnant de tout cela était qu’en me disant tout cela, il souriait… oui, oui… tout à fait comme vous maintenant… comme vous !

Le visage de Giovanni blêmit, se convulsa, il repoussa Léonard avec un cri dément :

— Toi… toi encore ! Tu as dissimulé… Au nom de Dieu va-t’en, maudit !

Le maître se leva, et fixant sur lui un regard autoritaire :

— Le Seigneur soit avec toi, Giovanni ! Je vois, en