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penser que ce ne devait pas être vous, et il savait ce à quoi je songeais, mais il feignait de l’ignorer. Seulement, en partant, il s’est tourné vers moi et m’a dit : « Giovanni, tu n’as jamais vu mon sosie ? Si tu le vois, ne t’effraie pas. » Alors j’ai tout compris.

— Et tu le crois jusqu’à présent, Giovanni ?

— Puisque je l’ai vu lui comme je vous vois ! Et qu’il m’a parlé…

— De quoi ?

Giovanni cacha sa figure dans ses mains.

— Dis-le, insista Léonard, cela vaut mieux, tu y penserais et te tourmenterais.

— Des choses terribles. Que tout dans l’univers n’était que mécanique, que tout ressemblait à cet horrible engin pareil à une araignée qu’il… ou plutôt non… que vous avez inventé…

— Quelle araignée ? Je ne me souviens pas… Ah ! si ! tu as vu chez moi le dessin d’une machine de guerre ?

— Et il m’a dit encore, continua Giovanni, que ce que les hommes appelaient Dieu est la force éternelle qui fait mouvoir l’araignée et que tout lui était égal, la vérité et le mensonge, le bien et le mal, la vie et la mort. Et on ne peut le convaincre parce qu’il est mathématicien, et que pour lui deux et deux font quatre et non pas cinq…

— Bien ! bien ! Ne te tourmente pas. Assez ! je sais…

— Non, messer Leonardo, attendez, vous ne savez pas tout. Écoutez, maître. Il m’a dit que le Christ