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— Écoute, mon enfant, dit-il du ton sérieux et tendre que prennent les docteurs pour questionner les malades. Je vois que tu as quelque chose sur le cœur. Tu dois tout me dire. Je veux tout savoir, Giovanni, entends-tu ? Cela t’apaisera.

Et après un instant de silence :

— Dis-moi, de qui parlais-tu tout à l’heure ?

Giovanni approcha ses lèvres de l’oreille de Léonard et lui chuchota :

— De votre sosie…

— De mon sosie ? Qu’est-ce ? Tu m’as vu en rêve ?

— Non, réellement…

Léonard le regarda, et un moment il lui sembla que Giovanni délirait.

— Messer Leonardo, vous n’êtes pas venu chez moi avant-hier, mardi, la nuit ?

— Non. Mais tu dois bien le savoir ?

— Moi, oui, assurément… Eh bien ! alors, voyez-vous, maître, maintenant je suis certain que c’était lui.

— Mais pourquoi te figures-tu que j’ai un sosie ? Comment cela est-il arrivé ?

Léonard sentait que Giovanni voulait lui raconter quelque chose et il espérait que cet aveu le soulagerait.

— Comment cela est arrivé ? Tout simplement. Il est venu chez moi, comme vous ce soir, à la même heure ; il s’est assis sur mon lit, comme vous maintenant, et il parlait et faisait tout comme vous, et son visage était semblable au vôtre, seulement dans un miroir. Il n’est pas gaucher. Et de suite cela m’a fait