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comme les enfants malades, les genoux repliés, la tête cachée dans l’oreiller.

— Giovanni, tu dors ? murmura le maître.

Beltraffio sursauta, poussa un cri, et fixa sur Léonard un regard dément, les bras tendus en avant, avec l’expression de terreur que Léonard avait vue dans les yeux de Maïa.

— Qu’as-tu, Giovanni ? C’est moi…

Beltraffio sembla sortir d’un rêve et, passant lentement la main sur le front :

— Ah ! c’est vous, messer Leonardo… j’avais cru… j’ai eu un rêve effrayant… Ainsi ce n’est pas vous, continua-t-il en le dévisageant avec méfiance.

Le maître s’assit au pied du lit et lui posant la main sur le front :

— Tu as la fièvre. Tu es malade. Pourquoi ne me l’as-tu pas dit ?

Giovanni se détourna, mais tout à coup regarda à nouveau Léonard, les coins de ses lèvres s’affaissèrent, tremblèrent et, joignant les mains, il balbutia :

— Chassez-moi, maître !… Car je ne pourrais m’en aller de mon gré et je ne puis rester chez vous, parce que je… je… Oui… je suis vis-à-vis de vous un misérable, un traître…

Léonard l’embrassa et l’attira à soi.

— Voyons, mon petit, le Seigneur soit avec toi ! Est-ce que je ne vois pas combien tu souffres ? Si tu te crois fautif de quoi que ce soit vis-à-vis de moi, je te pardonne tout ; peut-être toi aussi me pardonneras-tu un jour…