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« Dans toutes les parties de l’Europe on pleurera la disparition d’un homme mort en Asie. »

— Tu comprends ?

— Non.

— Le Vendredi saint, expliqua Cesare.

« Ô mathématiciens, continua Cesare, versez vos lumières sur cette démence. L’âme ne peut être sans corps, et là où il n’y a ni sang, ni chair, ni nerfs, ni os, ni langue, ni muscles, il ne peut exister ni voix ni mouvement »… Ici on ne peut pas déchiffrer, c’est biffé. Et voilà la fin… « En ce qui concerne toutes les autres définitions de l’âme, je les cède aux saints Pères qui enseignent le peuple et, par l’inspiration du Saint-Esprit, sont plus savants que les secrets de la nature. »

— Hum ! messer Leonardo serait bien malade si ces lignes tombaient entre les mains des pères inquisiteurs. Et voici encore une prophétie :

« Sans rien faire, méprisant la pauvreté et le travail, des hommes vivront luxueusement dans des maisons pareilles à des palais, et assurant qu’il n’y a pas de meilleure façon d’être agréable à Dieu qu’en acquérant les trésors visibles au prix des invisibles. »

— Les indulgences ! devina Cesare. Cela ressemble à du Savonarole. Une pierre dans le jardin du pape…

« Morts depuis mille ans, ils nourriront les vivants. »

— Je ne comprends pas. C’est compliqué… Cependant… Mais oui ! « Morts depuis mille ans… » les martyrs, les saints, au nom desquels les moines amassent l’argent. Une excellente devinette !