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Il écoutait toujours, ne se décidant pas à entrer. Dans son cœur il n’avait ni colère ni douleur, mais seulement de l’ennui et du dégoût.

Il ne s’était pas trompé. Entrés par la croisée qui donnait sur la cour, Giovanni et Cesare fouillaient les tiroirs de la table de travail, examinaient les papiers secrets, les dessins, son journal. Beltraffio, très pâle, tenait un miroir. Cesare, penché, lisait dans la glace l’écriture de Leonardo :

« Laude del Sole. Gloire au soleil.

« Je ne puis ne pas blâmer Épicure qui affirme que la grandeur du soleil est réellement telle qu’elle paraît ; je m’étonne que Socrate abaisse un pareil astre, en disant que ce n’est qu’une pierre incandescente. Et je voudrais connaître des mots suffisamment puissants pour blâmer ceux qui préfèrent la déification d’un homme à la déification du soleil… »

— On peut passer ? demanda Cesare.

— Non, lis jusqu’à la fin, murmura Giovanni.

« Ceux qui adorent les dieux sous l’aspect d’hommes sont dans l’erreur ; car l’homme, serait-il grand comme la Terre, paraîtrait moins que la plus petite planète – un point à peine perceptible dans l’univers. – De plus, tous les hommes sont exposés à être brûlés… »

— Voilà qui est étrange ! s’étonna Cesare. Il adore le soleil, et Celui qui a vaincu la mort par sa mort semble ne pas exister pour lui…

Il tourna une page.

— Tiens… encore, écoute :