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XI

Un soir de novembre, après une journée passée en démarches auprès du généreux seigneur de Visconti, chez Arnoldo le prêteur, chez le bourreau qui réclamait le montant de deux cadavres de femmes enceintes et menaçait d’un rapport à la Très Sainte Inquisition au cas de non-paiement, Léonard, fatigué, rentra à la maison et tout d’abord passa à la cuisine sécher ses vêtements humides. Puis, ayant pris la clef chez Astro, il se dirigea vers sa salle de travail. Mais, en approchant, il entendit parler derrière la porte.

— La porte est fermée, songea-t-il. Qu’est-ce que cela signifie ? Des voleurs peut-être ?

Il écouta, reconnut les voix de ses élèves Giovanni et Cesare, et devina qu’ils examinaient ses papiers secrets, qu’il n’avait jamais montré à personne : il voulut ouvrir la porte, mais subitement il s’imagina les regards des traîtres et il eut honte pour eux ; sur la pointe des pieds, il recula, rougissant comme un coupable et, entrant dans l’atelier par le côté opposé, il cria de façon à ce qu’ils puissent l’entendre :

— Astro ! Astro ! donne de la lumière ! Où êtes-vous donc tous ? Andrea, Marco, Giovanni, Cesare !

Les voix dans la salle de travail se turent. Quelque chose tinta comme une vitre brisée. Une fenêtre battit.