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au balbutiement d’un homme honteux qui ne sait pas demander.

« Seigneur, sachant que l’esprit de Votre Altesse est absorbé par de plus graves affaires, mais cependant craignant que mon silence ne soit cause de la colère de mon très bienveillant Protecteur, j’ose rappeler ma misère, et parler de mes travaux d’art, condamnés au silence…

« Depuis deux ans je ne reçois pas mes appointements…

« Les autres personnages au service de Votre Altesse Sérénissime, qui ont des revenus indépendants, peuvent attendre, mais moi, avec mon art que j’aimerais pourtant abandonner pour un métier plus lucratif…

« Ma vie est au service de Votre Altesse et je suis prêt à obéir. Je ne parle pas du monument, je comprends que ce n’en est guère le moment…

« Je suis navré que par suite de la nécessité où je me trouve de gagner mon existence, je sois forcé d’interrompre mon travail et de m’occuper de bêtises. J’ai dû nourrir six hommes durant cinquante-six mois, et je n’avais que cinquante ducats.

« Je ne sais à quoi je pourrais employer mes forces…

« Dois-je penser à la gloire ou au pain quotidien ? »