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nous autres, un homme. Et pourquoi le craignais-je ? Oh ! le bon et pauvre homme !… »


X

Deux jours s’écoulèrent, et ce que Marco avait prévu arriva : Léonard ne pensait pas plus à l’argent que s’il n’existait pas. Déjà dès le lendemain, il demanda trois florins pour l’achat d’une plante pétrifiée, avec une telle insouciance que Marco n’eut pas le courage de les lui refuser et lui donna ces trois florins de ses propres deniers.

En dépit des supplications de Léonard, le trésorier ducal n’avait pas encore payé les appointements. À ce moment, le duc lui-même avait besoin d’argent pour les préparatifs de sa guerre contre la France.

Léonard empruntait à tous ceux susceptibles de lui prêter, même à ses élèves.

Le duc ne lui laissait même pas terminer le monument de Sforza. La statue en terre, le squelette de fer, le four de forge, tout était prêt. Mais lorsque l’artiste présenta le compte du bronze, le More s’effara, se fâcha et refusa même une audience.

Vers le 20 novembre 1498, acculé à la dernière extrémité, Léonard écrivit une lettre au duc. Le brouillon de cette lettre, retrouvé dans les papiers de Vinci, à bâtons rompus, sans liaisons, ressemblait