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Marco fit un geste de la main, signifiant qu’il n’en croyait rien.

— Laissez-le, maître, laissez-le, dit-il – et subitement sur ses traits durs s’estompa une expression bonne, tendre et protectrice –, Dieu est miséricordieux. Nous nous arrangerons. Si vous y tenez vraiment, je m’arrangerai de façon que les chevaux ne manquent pas de foin.

Il savait que pour cela il faudrait prendre sur son argent personnel, qu’il envoyait à sa vieille mère malade.

— Il s’agit bien du foin ! cria Léonard.

Et épuisé, il s’affala sur une chaise.

Ses yeux clignèrent, se rapetissèrent, comme sous l’action d’un froid vif.

— Écoute, Marco. Je ne t’ai pas encore parlé de cela. Le mois prochain, il m’est nécessaire d’avoir quatre-vingts ducats, parce que… parce que j’ai emprunté… Oui, ne me regarde pas ainsi…

— À qui ?

— À Arnoldo.

Marco battit désespérément des bras. Son toupet roux frémit.

— À Arnoldo ! Je vous félicite ! Savez-vous que c’est un démon pire que n’importe quel juif ou maure. Il ne craint pas la Croix. Ah ! maître, maître, qu’avez-vous fait ? Et pourquoi ne m’avez-vous rien dit ?

Léonard baissa la tête.

— Marco, il me fallait de l’argent ou me tuer. Ne te fâche pas…