Page:De Merejkowsky - Le Roman de Léonard de Vinci, 1907.djvu/383

Cette page n’a pas encore été corrigée

Léonard se détourna, baissa la tête, et silencieux s’éloigna précipitamment.

Il avait compris que la vieille le connaissait, qu’elle le considérait, comme tant d’autres, comme un sorcier, et qu’elle craignait qu’il ne portât malheur à Maïa.

Il s’éloignait, il fuyait presque, si ému qu’il continuait à chercher dans ses poches les galettes d’anis, inutiles maintenant, en souriant d’un sourire fautif et confus.

Devant ces yeux terrifiés d’enfant, il se sentait plus seul que devant la foule qui voulait le lapider comme impie, que devant l’assemblée de savants qui raillaient la vérité ; il se sentait aussi éloigné des hommes que l’étoile solitaire qui brillait dans les cieux désespérément purs.

Rentré chez lui, il pénétra dans sa salle de travail. Avec ses livres poussiéreux et ses appareils scientifiques, elle lui parut sombre telle une prison ; il s’assit devant sa table, alluma une bougie, prit un de ses cahiers et se plongea dans l’étude des lois du mouvement des corps sur les plans inclinés.

La mathématique, comme la musique, avait le don de le calmer. Et ce soir-là aussi, elle procura à son cœur l’habituelle jouissance.

Après avoir terminé ses calculs, il tira d’un casier secret son journal, et de sa main gauche, avec son écriture retournée qu’on ne pouvait lire qu’à l’aide d’un miroir, il nota les pensées inspirées par le tournoi des savants :

« Les érudits et les orateurs, élèves d’Aristote, sont