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— Et nos savants à bonnet rouge n’ont rien compris ! Allons, buvons à votre santé, messer Leonardo, et à la floraison de notre mère l’Alchimie !

— Avec plaisir, messer Galeotto. Je vois en effet, maintenant, qu’on ne peut rien vous cacher, et je vous donne ma parole de ne plus ruser avec vous dorénavant.

Après le souper, les invités se dispersèrent. Le duc ne retint qu’un petit cercle d’intimes dans un douillet petit salon où l’on apporta du vin et des fruits.

— C’est charmant, charmant ! dit Hermelina se pâmant. Jamais je n’aurais cru que ce serait aussi amusant. J’avoue que je craignais de m’ennuyer. C’est mieux que n’importe quel bal ! J’assisterais volontiers tous les jours à des tournois scientifiques. Comme ils se sont fâchés contre Léonard ! comme ils ont crié ! Dommage qu’on ne l’ait pas laissé achever. Je désirais tellement qu’il raconte quelque chose de ses sortilèges, qu’il parle de nécromancie.

— Je ne sais si ce que l’on dit est vrai, dit un vieux courtisan, mais il paraît que Léonard s’est créé tant d’opinions hérétiques qu’il ne croit même plus en Dieu. Adonné aux sciences naturelles, il préfère être philosophe plutôt que chrétien…

— Des bêtises, déclara le duc. Je le connais. C’est un cœur d’or. Il brave tout en paroles et en réalité il ne ferait pas de mal à une puce. On dit : « C’est un homme dangereux. » Les pères inquisiteurs peuvent crier tant qu’il leur plaira, je ne permettrai à personne d’offenser mon Léonard.