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Comment permet-on ?… – Les vérités de notre très sainte mère l’Église… C’est une hérésie !… Une impiété !…

Léonard se taisait. Son visage était calme et triste. Il voyait sa solitude parmi tous ces gens qui se croyaient les serviteurs de la science ; il voyait le précipice infranchissable qui le séparait d’eux, et sentait croître son dépit, non pas contre ses adversaires, mais contre soi-même, de n’avoir pas su éviter la discussion, de s’être laissé tenter encore une fois, en dépit de ses nombreuses épreuves, par le naïf espoir qu’il suffirait de montrer aux gens la vérité pour qu’ils l’admettent.

Le duc, les seigneurs et les dames, qui depuis longtemps ne comprenaient rien, suivaient néanmoins la discussion avec un vif plaisir.

— Bravo ! se réjouissait Ludovic le More, en se frottant les mains. C’est un véritable combat ! Regardez, madonna Cecilia, ils vont se battre de suite ! Tenez, le petit vieux ne tient plus dans sa peau, il tremble, il serre des poings, il enlève son bonnet ! Et le petit brun, derrière lui… il écume ! Et pourquoi ? Pour des coquillages pétrifiés. Quels gens étonnants que ces savants ! Et notre Léonard, hein ? lui qui jouait la timidité…

Et tous se prirent à rire, admirant le duel des savants, comme un combat de coqs.

— Allons, je vais sauver mon Léonard, dit le duc, sans cela les bonnets rouges l’assommeront…

Il pénétra dans les rangs des adversaires furieux, et ils se turent aussitôt, s’écartèrent devant lui, comme