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vu que j’ai découvert que, d’après la grandeur des coquilles, comme d’après les cornes des bœufs et des moutons, d’après le cœur des arbres, on pouvait exactement formuler en années, et même en mois, la durée de leur existence ? Comment expliquerez-vous que les unes soient entières, les autres brisées, les troisièmes emplies de sable, de limon, avec des pinces de crabes, des os et des dents de poissons, des éclats de pierre, arrondis par les vagues ? Et les empreintes délicates des feuilles sur les rocs des montagnes les plus élevés ? D’où tout cela vient-il ? De l’influence des étoiles ? Mais s’il faut raisonner ainsi, messer, je suppose que dans toute la nature il ne se trouvera pas une manifestation qui ne puisse s’expliquer par l’influence des étoiles, et alors, hormis l’astrologie, toutes les sciences sont inutiles…

Le vieux docteur ès scolastique demanda la parole, et, lorsqu’on la lui eut accordée, il observa que la discussion n’était pas régulière, car des deux l’un : ou la question des animaux déterrés appartenait à la science inférieure « mécanique » étrangère à la métaphysique, et alors il est inutile d’en parler puisqu’on ne les avait pas réunis dans cette intention ; ou bien la question se rapportait à la réelle, grande connaissance, la dialectique, et dans ce cas il est nécessaire de discuter d’après les règles de la dialectique, en élevant les pensées à la hauteur de pure intellectualité.

— Je sais, dit Léonard avec une expression encore plus soumise et ennuyée, je sais à quoi vous faites allusion,