je me permettrai de vous faire remarquer : n’est-il pas plus simple d’attribuer la provenance de ces coquillages au jeu amusant, hasardeux et charmant, mais tout à fait innocent, de la nature sur lequel vous voulez baser une nouvelle science – n’est-il pas plus simple, dis-je, d’expliquer la présence de ces coquillages par le Déluge ?
— Oui, oui, le Déluge, répliqua Léonard, sans aucune timidité maintenant, avec une désinvolture qui parut à beaucoup extrêmement libre et arrogante même ; je sais, tout le monde parle du Déluge. Seulement cette explication ne vaut rien. Jugez vous-même : le niveau de l’eau au temps du Déluge était de dix coudées plus élevé que les plus hautes montagnes. Conséquemment, les coquillages jetés par les vagues furieuses devaient descendre, descendre absolument, messer Gabriele, directement du centre, et non pas sur le côté ; au pied des montagnes, et non pas dans des cavernes souterraines ; et de plus, en désordre, selon la fantaisie des vagues, et non sur le même plan, non par couches successives, comme nous l’observons. Et remarquez – voilà ce qui est curieux ! – les animaux qui vivent par bandes, tels les sèches et les huîtres, se retrouvent de même ; et ceux qui vivent séparément se retrouvent séparés comme nous pouvons les voir aujourd’hui sur les bords de la mer. Moi-même, personnellement, plusieurs fois j’ai observé les dispositions de ces coquillages pétrifiés en Toscane, en Lombardie, dans le Piémont. Si vous me dites qu’ils ont été apportés, non par les vagues du Déluge,