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Messer Cipriano ordonna de creuser là où conseillait Grillo.

Les pics résonnèrent. Cela sentit la terre fraîchement remuée. Une chauve-souris effleura le visage de Giovanni. Il frissonna.

— Ne crains rien, moinillon, ne crains rien ! dit pour l’encourager Merula en frappant amicalement sur son épaule. Nous ne trouverons aucun diable. Si encore cet âne de Grillo… Gloire à Dieu, nous avons assisté à d’autres fouilles ! Par exemple, à Rome, dans la quatre cent cinquantième olympiade – Merula employait toujours la chronologie antique – sous le pape Innocent VIII, sur la voie Appienne, près du tombeau de Cecilia Metella, dans un ancien sarcophage romain portant l’inscription : « Julie, fille de Claude », les terrassiers lombards ont trouvé le corps, couvert de cire, d’une jeune fille de quinze ans qui paraissait endormie. Le rose de la vie était encore sur ses joues. On aurait cru qu’elle respirait. Une foule incalculable entourait son cercueil. Des pays lointains, on venait la voir, tant Julie était belle ; si belle que si l’on n’avait décrit sa beauté, ceux qui ne l’ont pas vue n’y croirait guère. Le pape s’effraya en apprenant que le peuple adorait une païenne morte, et ordonna de l’enterrer une nuit, mystérieusement… Voilà, mon petit frère, quelles fouilles on fait parfois !

Merula regarda dédaigneusement la fosse qui s’agrandissait rapidement. Tout à coup, la pioche d’un ouvrier sonna. Tous se penchèrent.