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aura son embouchure dans l’Océan en face de Gibraltar.

— Je suis convaincu, conclut Léonard, que l’étude des plantes et des animaux pétrifiés, si dédaignée jusqu’à présent par les savants, peut être le début d’une science nouvelle, concernant le passé et l’avenir de la Terre.

Ses idées étaient si claires, si précises, si pleines de confiance dans la science – en dépit de sa modestie –, si différentes des utopies pythagoriques de Paccioli et de la scolastique morte des docteurs, que, lorsqu’il se tut, les visages exprimèrent la perplexité : que faire ? Le complimenter ou en rire ? Était-ce une nouvelle science ou le bégaiement suffisant d’un ignorant ?

— Nous souhaiterions vivement, mon cher Léonard, dit le duc avec le sourire indulgent d’une grande personne pour un enfant, nous souhaiterions vivement que ta prophétie s’accomplisse, que la mer Adriatique se dessèche et que les Vénitiens, nos ennemis, restent sur leurs lagunes comme des écrevisses sur un banc de sable !

Tout le monde rit complaisamment à cette boutade. La direction était donnée et les girouettes courtisanesques suivirent le vent. Le recteur de l’Université de Pavie, Gabriele Pirovano, vieillard à cheveux blancs, au visage majestueusement nul, dit en reflétant dans son sourire plat la moquerie du duc :

— Les renseignements que vous nous avez communiqués, messer Leonardo, sont fort curieux. Mais