enviait. La jolie tournure d’une phrase, parfois chez les gens les plus infimes, lui inspirait un dépit mêlé de naïve admiration : « Dire que Dieu fait cadeau d’un tel art ! » pensait-il.
Mais plus Léonard se récusait, plus les dames insistaient :
— Messer, chantaient-elles en chœur, en l’entourant, s’il vous plaît ! Nous vous supplions toutes. Racontez quelque chose… Racontez-nous quelque chose de gentil…
— Comment les hommes voleront, proposa la jeune Fiordeliza.
— Ou sur la magie, appuya Hermelina, la magie noire. C’est si curieux ! La nécromancie : comment on fait sortir les morts de leur tombe…
— Madonna, je puis vous assurer que jamais je n’ai fait parler les morts…
— Cela ne fait rien : parlez alors d’autre chose. Seulement que ce soit effrayant et sans mathématique…
Léonard ne savait refuser rien à personne.
— Vraiment, je ne sais, madonna, murmura-t-il intimidé.
— Il consent ! il consent ! applaudit Hermelina. Messer Léonard va parler. Écoutez !
— Quoi ? Qui ? Hein ? demandait le doyen de la Faculté théologique, dur d’oreille et faible d’esprit par suite de son grand âge.
— Léonard ! lui cria son voisin, jeune licencié en médecine.