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au trône qui devait prendre le nom de Louis XII, le duc d’Orléans, était le pire ennemi de la maison des Sforza. Petit-fils de Valentine Visconti, fille du premier duc milanais, il se considérait comme l’unique héritier de la Lombardie et avait l’intention de la conquérir après avoir réduit en cendres « le repaire des brigands Sforza ».

Déjà, avant la mort de Charles VIII, avait eu lieu à Milan, à la cour du duc, un « duel savant », scientifico duello, qui lui avait tellement plu qu’il en avait fixé un second à deux mois plus tard. On supposait qu’en prévision de la guerre imminente il reculerait la dispute, mais on se trompa, car le More avait calculé profitable pour lui de montrer à ses ennemis qu’il ne se souciait pas d’eux, que sous le doux règne de Sforza, plus que jamais, florissaient en Lombardie les beaux-arts, les belles-lettres et les sciences, « fruits d’une paix dorée » ; que son trône était gardé non seulement par les armes, mais encore par la gloire du plus civilisé des rois d’Italie, protecteur des Muses.

Dans la grande salle du jeu de paume se réunirent donc les docteurs, les doyens, les licenciés de l’Université de Paris, coiffés du bonnet carré rouge, portant l’épaulière de soie pourpre doublée d’hermine, gantés de gants de peau de chamois violets, la ceinture ornée d’aumônières brodées d’or. Les dames de la cour portaient des robes de bal. Aux pieds du duc, de chaque côté du trône, étaient assises madonna Lucrezia et la comtesse Cecilia.