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étaient barrées par des chaînes, à l’exception de trois, gardées par la milice et par lesquelles n’entraient que les hommes désarmés.

Paolo désigna à ses compagnons le brasier et leur expliqua l’installation de cette « machine » : un étroit passage pavé de pierres et de glaise entre deux murs de bûches enduites de goudron et saupoudrées de poudre.

De la rue Veccereccia sortirent les franciscains, ennemis de Savonarole, puis les dominicains. Fra Girolamo, vêtu d’une soutane de soie blanche et portant le saint ciboire étincelant, et fra Domenico, en robe de velours rouge, fermaient le cortège. « Glorifiez Dieu !… chantaient les dominicains. Sa grandeur est sur Israël et sa puissance dans les cieux. Terrible Tu es, Seigneur, dans ton sanctuaire. »

La foule répondit dans un cri frémissant :

— Hosanna ! Hosanna ! Gloire à Dieu en toute éternité !

Les ennemis de Savonarole et ses élèves prirent place dans la loggia Orcagni, séparée à cet effet par une cloison.

Tout était prêt. Il ne restait qu’à allumer le bûcher et à y entrer.

La perplexité, la tension devenaient insupportables ; les uns se dressaient sur la pointe des pieds, haussaient la tête pour mieux voir ; d’autres se signaient, égrenant des chapelets, récitant leur naïve prière :

— Fais un miracle, fais un miracle, Seigneur !

L’atmosphère était étouffante. Les roulements du