Page:De Merejkowsky - Le Roman de Léonard de Vinci, 1907.djvu/353

Cette page n’a pas encore été corrigée

répondit un jeune contremaître, il n’y a à cela aucun péché…

— La tentation, mon ami, insistait Filippo. Nous demandons un miracle, mais en sommes-nous dignes ? Il est dit : « Ne tente pas le Seigneur Dieu… »

— Tais-toi, vieillard. Pourquoi croasses-tu ? Celui qui a un grain de foi et commanderait à une montagne de tourner, serait obéi. Dieu ne peut pas ne pas faire de miracle, puisque nous croyons.

— Non, il ne peut pas, il ne peut pas ! reprirent diverses voix.

— Qui entrera le premier dans le brasier, fra Domenico ou fra Girolamo ?

— Ensemble…

— Non, fra Girolamo priera seulement, mais il ne subira pas l’épreuve.

— Comment, ne subira pas l’épreuve ? Qui donc si ce n’est lui ! D’abord Domenico, puis Girolamo, et ensuite nous tous qui nous sommes inscrits au couvent de San Marco.

— Est-il vrai que le père Girolamo ressuscitera un mort ?

— Oui. D’abord le miracle du feu, ensuite la résurrection d’un mort. J’ai lu moi-même sa lettre au pape, lui demandant de désigner l’adversaire : « Nous nous approcherons tous deux de la tombe et chacun à notre tour dirons : “Lève-toi !” Celui d’après l’ordre duquel le mort se lèvera, sera le prophète, et l’autre, l’imposteur. »

— Attendez, mes frères, vous en verrez bien d’autres.