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et à la très grande honte d’impies libres-penseurs tels que vous et moi ?

— Eh bien ! allons ! dit Léonard en jetant un regard méprisant à Paolo.

Ils partirent. Les rues étaient pleines de monde. Les visages avaient des expressions ravies et curieuses, pareilles à celle que Léonard avait déjà remarquée chez Giovanni. Dans la rue des Merciers, devant Or San Michele, là où se trouvait la statue de bronze d’Andrea Verrocchio, représentant l’apôtre Thomas plongeant ses doigts dans les plaies du Christ, on se bousculait. Les uns épelaient, les autres écoutaient et discutaient les huit thèses imprimées en grandes lettres rouges que devait résoudre le duel du feu :


I. – L’Église de Dieu se renouvellera.

II. – Dieu la châtiera.

III. – Dieu la transformera.

IV. – Après le châtiment, Florence se renouvellera également et dominera tous les peuples.

V. – Les infidèles se convertiront.

VI. – Tout cela est imminent.

VII. – L’excommunication de Savonarole par le pape Alexandre VI est sans effet.

VIII. – Ceux qui n’acceptent pas cette excommunication ne pèchent pas.


Serrés par la foule, Léonard, Giovanni et Paolo s’arrêtèrent et écoutèrent les conversations.

— Tout cela est vrai, mais j’ai peur quand même d’un malheur, disait un vieil ouvrier.

— Quel malheur veux-tu qu’il arrive, Filippo ?