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On frappa à la porte. Il ouvrit. Giovanni entra et rappela au maître que ce même jour – le samedi des Rameaux – devait avoir lieu le « duel du feu ».

— Quel duel ? demanda Léonard.

— Fra Domenico, pour fra Savonarole, et fra Juliano Rondinelli, pour ses ennemis, entreront dans le brasier. Celui qui restera intact prouvera son droit devant Dieu, expliqua Beltraffio.

— Eh bien ! va, Giovanni. Je te souhaite un curieux spectacle.

— Ne viendrez-vous pas ?

— Non, tu vois, je suis occupé.

L’élève, faisant un effort sur lui-même, reprit :

— En venant ici, j’ai rencontré messer Paolo Somenzi. Il m’a promis de venir nous chercher et de nous conduire à la meilleure place d’où l’on verra tout. C’est dommage que vous n’ayez pas le temps… Je pensais que… peut-être… Savez-vous, maître… le duel est fixé à midi. Si vous aviez fini votre travail à ce moment, nous arriverions encore…

Léonard sourit.

— Et tu meurs d’envie que moi aussi je voie le miracle ?

Giovanni baissa les yeux.

— Allons, soit, j’irai. Que le Seigneur soit avec toi !

À l’heure indiquée, Beltraffio revint avec Paolo Somenzi, homme vif et mobile comme s’il avait du mercure au lieu de sang dans les veines, le principal espion florentin du duc Ludovic le More, le plus terrible ennemi de Savonarole.