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de « son admirable fillette ». Hélas ! tout était fini à jamais !

Ludovic inclina la tête sur sa poitrine et des larmes roulèrent le long de ses joues.

— Ah ! mon Dieu ! Tu vois, il pleure encore ! s’écria la comtesse Cecilia émue. Câline-le donc ! câline-le bien ! Embrasse-le, console-le ! Comment n’as-tu pas honte ?

Doucement, elle poussait sa rivale dans les bras de son amant.

Lucrezia, depuis longtemps, éprouvait un dégoût de cette anormale amitié. Elle voulut se lever et partir, baissa les yeux et rougit. Néanmoins, elle prit la main du duc. Il lui sourit à travers ses larmes et appuya la main de Lucrezia sur son cœur.

Cecilia prit la mandoline et, dans la pose de son fameux portrait peint douze ans auparavant par Léonard, elle chanta la vision de Pétrarque :


Levommi il mio pensier in parte ov’era
Quella ch’io cerco e non ritrovo in terra.


Le duc prit son mouchoir et langoureusement leva les yeux. Plusieurs fois il répéta la dernière strophe, sanglotant et tendant les bras dans le vide :

— Et avant le soir j’ai fini ma journée !

— Ma colombe ! Oui, oui… avant le soir !… Savez-vous, il me semble qu’elle nous regarde et nous bénit tous les trois… Ô Bice, Bice !