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pas. Je sais que le Seigneur s’occupe de nous, plus que nous-mêmes. Heureux ceux qui pleurent, est-il dit, ils se consoleront.

Et, serrant dans ses mains les mains de ses maîtresses, il leva les yeux au plafond :

— Que le Seigneur vous récompense, mes chéries, de ne pas avoir abandonné le malheureux veuf !

Il tamponna ses yeux avec son mouchoir et sortit deux papiers de sa poche. L’un était l’acte de donation des terres de la villa Sforzesca au monastère Santa Maria delle Grazie.

— Monseigneur, s’étonna la comtesse, n’aimiez-vous pas cette terre ?

— La terre ! sourit amèrement le duc. Hélas ! madonna, je n’aime plus rien. Et faut-il beaucoup de terre pour un homme ?

Voyant qu’il voulait encore parler de la mort, la comtesse, câlinement, lui ferma la bouche de sa main rose.

— Et l’autre papier ? demanda-t-elle curieusement.

Le visage du duc s’éclaira. L’ancien sourire gai et malin reparut sur ses lèvres.

Il leur lut l’autre papier : c’était la donation des terres, prés, bois, hameaux, jardins, métairies, chasses, faite par le duc à madonna Lucrezia Crivelli et à son fils illégitime Jean-Paolo. Cette donation comprenait également Cusnago, la villa favorite de Béatrice, renommée par ses pêcheries. D’une voix émue, Ludovic lut les dernières lignes de l’acte : « Cette femme, dans ses merveilleuses et rares relations amoureuses, nous a