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encore contre ses attaques amoureuses, des ongles et de la dent, comme une amazone.

Cinq nuits avant l’anniversaire de sa mort, il rêva encore d’elle, la vit en sa propriété favorite de Cusnago, qu’elle aimait tant. En s’éveillant, le duc s’aperçut que ses oreillers étaient humides de larmes.

Il se rendit au monastère de Santa Maria delle Grazie, pria près du cercueil de sa femme, déjeuna avec le prieur et longtemps causa avec lui de la question qui, à ce moment, bouleversait tous les théologiens d’Italie – l’immaculée conception de la Vierge Marie. Puis au crépuscule, sortant directement du monastère, le duc se dirigea vers la demeure de madonna Lucrezia.

Malgré son chagrin de la mort de Béatrice et sa crainte de Dieu, non seulement il n’avait pas abandonné ses maîtresses, mais il s’était, au contraire, davantage attaché à elles. Les derniers temps, madonna Lucrezia et la comtesse Cecilia se rapprochèrent. Ayant la réputation d’« héroïne savante », dotta eroina, comme on s’exprimait alors, de « nouvelle Sapho », Cecilia était simple et bonne, quoique un peu exaltée. La mort de Béatrice fut pour elle l’occasion d’une action chevaleresque, semblable à celles qu’elle lisait dans les romans et qu’elle méditait depuis longtemps. Cecilia décida d’unir son amour à celui de sa jeune rivale pour consoler le duc. Lucrezia, d’abord, l’évita et la jalousa, mais l’héroïne savante la désarma par sa magnanimité. Et, bon gré mal gré, Lucrezia dut subir cette étrange amitié féminine.

L’été de l’an 1497 elle donna le jour à un fils de