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du petit mausolée de Leone élevé dans le monastère de Maria delle Grazie où reposait Béatrice. Il partageait l’enthousiasme simple du marbrier qui, après avoir achevé son ouvrage, se recula, regarda de loin, la tête inclinée sur le côté et, fermant un œil, fit claquer sa langue :

— Ce n’est pas un tombeau – c’est un jouet !

La matinée était froide et ensoleillée. Sur les toits des maisons, la neige étalait sa blancheur. L’atmosphère était imprégnée de cette fraîcheur, pareille au parfum des muguets et qui semble la senteur de la neige.

Venant du froid et du soleil, Léonard entra dans la chambre semblable à un caveau, sombre, étouffante, tendue de taffetas noir, les volets clos, éclairée seulement par des cierges d’église. Durant les premiers jours qui suivirent l’enterrement, le duc ne quitta pas cette cellule obscure.

Ayant causé avec l’artiste de la Sainte Cène qui devait rendre célèbre l’endroit de l’éternel sommeil de Béatrice, le duc lui dit :

— Il paraît, Léonard, que tu as pris sous ta protection l’enfant qui avait représenté la naissance du siècle d’or, à cette fatale fête. Comment va-t-il ?

— Votre Altesse, il est mort le jour de l’enterrement de la sérénissime duchesse.

— Il est mort ! dit le duc étonné. Il est mort… Comme c’est étrange !

Il baissa la tête et soupira, puis, subitement, embrassa Léonard :

— Oui, oui, tout cela devait arriver ainsi ! Notre