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pour nous consoler, afin de ne pas renouveler notre douleur. »

Le même jour à midi, il cédait aux prières de ses proches, et consentait à prendre un peu de nourriture. Mais il ne voulut pas s’asseoir à table et mangea sur une planche que tenait devant lui Ricciardetto.

Tout d’abord le duc avait confié l’organisation des funérailles à son secrétaire principal, Bartolomeo Calco. Mais en indiquant l’ordre du cortège, ce que personne ne pouvait faire en dehors de lui, petit à petit il se laissa entraîner et, avec le même amour que jadis il combinait la superbe fête du siècle d’or, il s’occupa de l’organisation de l’enterrement de Béatrice. Il se donnait beaucoup de peine, entrait dans tous les détails, décidait exactement le poids des énormes cierges de cire blanche et jaune, le métrage de drap d’or, de velours noir et pourpre pour chaque autel, la quantité de monnaie de billon, de foie et de lard pour la distribution aux pauvres en souvenir de l’âme de la défunte. Choisissant le drap pour les vêtements de deuil des serviteurs, il ne manqua pas de le palper et de le regarder au jour pour se rendre compte de la qualité. Pour lui-même, il commanda un costume solennel de « grand deuil » en drap grossier, tailladé de façon à imiter un vêtement déchiré dans un accès de désespoir.

L’enterrement avait été fixé au vendredi, tard dans la soirée. En tête du cortège marchaient les porteurs, les massiers, les hérauts qui sonnaient dans de longues trompettes ornées d’oriflammes de soie noire ; les tambours