Béatrice, de nouveau, appela son mari.
— Vico, pardonne-moi. Ne pleure pas. Souviens-toi… Je ne te quitte pas… Je sais que moi seule…
Elle n’acheva pas. Mais il comprit ce qu’elle voulait dire : « Je sais que tu n’as aimé que moi seule. »
Elle fixa sur lui un regard lent, infini et murmura :
— Embrasse-moi.
Le duc effleura le front de sa femme de ses lèvres. Elle voulut dire quelque chose, ne le put, et soupira seulement :
— Sur la bouche.
Le moine commença à lire la prière des agonisants.
Les intimes revinrent dans la chambre.
Le duc, pendant ce long baiser d’adieu, sentait se glacer les lèvres de sa femme, et dans un dernier embrassement reçut le dernier soupir de sa compagne.
— Elle est morte ! murmura Marliani.
Tous s’agenouillèrent en se signant. Le duc lentement se releva. Son visage était impassible. Il exprimait non pas la douleur, mais une terrible tension. Il respirait péniblement et précipitamment, comme dans une dure ascension. Tout à coup, il leva brusquement les bras, cria : « Bice », et s’effondra sur le cadavre.
De tous ceux qui se trouvaient là, seul Léonard conserva son calme. De son regard clair et scrutateur il observait le duc. En de pareils instants la curiosité de l’artiste dominait tout. L’expression d’une grande douleur dans la figure humaine, dans les mouvements