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du haut, entendit derrière la porte de la chambre voisine un si terrible gémissement qu’il s’arrêta interdit et demanda à l’une des servantes qui passait portant du linge, des bassinoires et des cruches d’eau chaude :

— Qu’est-ce ?

Elle ne lui répondit pas.

Une vieille, sage-femme probablement, le regarda sévèrement et lui dit :

— Va-t’en, va-t’en. Tu barres le chemin, tu gênes… Ce n’est pas ici la place des gamins.

La porte s’entrouvit un instant et Ricciardetto vit, dans le fond de la pièce, parmi le désordre des vêtements et de linge arrachés, celle qu’il adorait d’un amour sans espoir : elle avait le visage rouge, suant, avec des mèches de cheveux collées au front et la bouche ouverte d’où s’échappait un râle continu.

L’adolescent pâlit et cacha sa tête dans ses mains.

À côté de lui bavardaient, à voix basse, des commères, des bonnes, des rebouteuses, des accoucheuses. Chacune avait son remède !

L’une proposait d’envelopper la jambe droite de la malade dans de la peau de serpent ; l’autre, de l’asseoir sur une bassine de fonte emplie d’eau bouillante : la troisième, d’attacher sur son ventre le chaperon de son mari ; la quatrième, de lui faire boire de l’alcool filtré sur une poudre de corne de cerf et de graine de cochenille.

— La pierre d’aigle sous l’aisselle droite, la pierre d’aimant sous l’aisselle gauche, mâchonnait une vieille édentée, cela, ma petite mère, c’est la première chose à faire. La pierre d’aigle ou bien une émeraude.