la haute et sombre salle, obscure et froide comme un caveau, s’assit, prit la liasse de lettres, la posa sur la table, et elle s’apprêtait à les lire, lorsque, avec un sifflement aigu, grognant et ricanant, le vent s’engouffra dans la tour par l’âtre de la cheminée monumentale, hurla et faillit éteindre le cierge. Puis, tout à coup, régna un lourd silence. Et il sembla à Béatrice qu’elle distinguait les sons lointains de la musique du bal, et aussi celui presque imperceptible des chaînes de fer, en bas, dans le souterrain où se trouvait la prison.
Et, au même moment, elle sentit que, derrière elle, dans le coin sombre, quelqu’un se tenait. La peur s’empara d’elle. Elle savait qu’elle ne devait pas regarder. Mais elle ne put résister et se retourna. Dans le coin sombre se tenait celui qu’elle avait déjà vu une fois – long, long, long et plus noir que la nuit –, la tête inclinée sous une cagoule qui cachait son visage. Elle voulut crier, appeler Ricciardetto, mais sa voix s’étrangla. Elle se leva pour se sauver – ses jambes fléchirent. Elle tomba à genoux et murmura :
— Toi… toi encore… pourquoi ?
Lentement il leva la tête.
Et elle vit, non pas le visage effrayant du défunt duc Galéas, mais vraiment son visage, et entendit sa voix :
— Pardonne… pauvre… pauvre femme.
Il fit un pas vers elle, un froid sépulcral lui souffla à la figure. Elle poussa un cri déchirant, inhumain, et perdit connaissance. Ricciardetto accourut, la vit privée de sens, étendue sur les dalles. Il se précipita à travers