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mage ! Il serait peut-être capable de soulever le palais tout entier, comme dans la fable !

— On ne doit pas jouer avec le feu, c’est dangereux, murmura la voisine.

Dans la machine, derrière les sphères de cristal, étaient cachées des caisses rondes. De l’une d’elles sortit un ange avec de grandes ailes blanches, qui annonça le commencement de la représentation et dit un des vers du prologue, en désignant le duc :


Le grand roi fait tourner les sphères,


faisant comprendre ainsi que le duc dirigeait ses vassaux avec autant de sagesse que le Tout-Puissant les sphères célestes. Et, au même moment, les boules de cristal bougèrent et tournèrent autour de l’axe de la machine en émettant une vague et étrange musique. Des cloches d’un verre spécial, inventé par Léonard, frappées par des touches, produisaient ces sons.

Les planètes s’arrêtèrent et au-dessus de chacune d’elles apparurent les dieux correspondants : Jupiter, Apollon, Mercure, Mars, Diane, Vénus, Saturne, qui adressèrent leurs souhaits à Béatrice.

À la fin, Jupiter présenta à la duchesse les trois Grâces helléniques, les Sept Vertus chrétiennes, et tout l’Olympe du Paradis à l’ombre des ailes blanches des anges et de la croix ornée de lampes vertes, symbole de l’espérance, se remit à tourner ; les dieux et les déesses chantèrent un hymne à la gloire de Béatrice, accompagnés par la musique des sphères de cristal et les applaudissements des spectateurs.