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Le duc lui-même s’inquiétait. Elle entra dans la salle, s’approcha de lui, un peu pâlie, et lui dit que, prise de fatigue après le festin, elle s’était retirée dans ses appartements pour se reposer.

— Bice, murmura le duc en lui prenant sa main glacée et tremblante, si tu te sens indisposée, dis-le, au nom de Dieu. N’oublie pas ton état. Veux-tu que nous remettions la seconde partie de la fête à demain ? Du reste, je n’ai organisé tout cela que pour toi.

— Non, Vico, répliqua la duchesse, ne t’inquiète pas. Depuis longtemps je ne me suis sentie aussi bien qu’aujourd’hui. C’est si gai !… Je veux voir le Paradis. Je veux danser.

— Allons, tant mieux, Dieu merci ! dit le duc, calmé, en baisant avec une tendresse respectueuse la main de sa femme.

Les invités se rendirent de nouveau dans la salle du jeu de paume, où, pour la représentation du Paradis de Bellincioni, était installée une machine inventée par le mécanicien de la cour, Léonard de Vinci.

Lorsque tout le monde fut assis et qu’on eut soufflé les lumières, la voix de Léonard retentit :

— Tout est prêt !

Un fil de poudre s’alluma et, dans l’obscurité, tels d’énormes soleils de glace, brillèrent des sphères de cristal, emplies d’eau et éclairées intérieurement par un feu violent qui prenaient les teintes de l’arc-en-ciel.

— Regardez, disait à sa voisine donzella Hermelina en désignant le peintre, regardez son visage ! Un vrai