glace. Voilà pourquoi, lorsqu’elle était sortie se promener dans la cour du palais, la duchesse avait fait une chute.
Il lut aussi des vers dédiés à une belle à laquelle il manquait une dent, une ruse de l’amour qui, habitant sa bouche, profitait de cette meurtrière pour décocher ses traits.
— Un génie ! glapit une dame. Le nom d’Unico, dans la postérité, figurera à côté de celui du Dante.
— Plus haut que le Dante ! renchérit une autre. Trouvez-vous, chez le Dante, ces finesses amoureuses de notre Unico ?
— Madonna, répliqua humblement le poète, vous exagérez. Le Dante a aussi ses qualités. Mais à chacun les siennes. En ce qui me concerne, pour vos applaudissements, je donnerais la gloire du Dante.
— Unico ! Unico ! soupiraient les admiratrices épuisées d’enthousiasme.
Lorsque Serafino commença un nouveau sonnet dans lequel il racontait comment le feu s’étant déclaré dans la maison de sa bien-aimée, on ne parvint pas à l’éteindre, parce que chacun devait songer à arroser d’eau son cœur allumé par les regards de la belle, Béatrice n’y tint plus et sortit.
Elle revint vers les grandes salles, commanda à son page Ricciardetto, qui lui était tout dévoué et, lui semblait-il, amoureux d’elle, de monter à sa chambre et de l’y attendre avec une torche. Elle se dirigea alors vers une galerie éloignée où les gardes dormaient appuyés sur leurs lances, ouvrit une porte de fer et