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une main dans ses cheveux, leva les yeux au plafond.

— Doucement, doucement, murmurèrent les dames, messer Unico compose. Votre Altesse veut-elle venir de ce côté, on entend mieux ?

Donzella Hermelina prit un luth, en pinça distraitement les cordes et, sur cet accompagnement, le poète, d’une voix solennellement assourdie, récita son sonnet.

L’Amour, ému des prières de l’amant, avait dirigé sa flèche vers le cœur de l’insensible. Mais, ses yeux étant bandés, il visa mal et, au lieu du cœur,


Dans le tendre nez s’encrête.
Et le mouchoir de linon blanc
De rosée pourpre se mouchète.


Les dames applaudirent.

— Charmant, charmant, étonnant ! Quelle rapidité ! Quelle facilité ! Oh ! Bellincioni n’a qu’à se bien tenir, lui qui sue des journées entières sur un sonnet.

— Messer Unico, désirez-vous du vin du Rhin ? demandait une de ses adoratrices.

— Messer Unico, voici des pastilles à la menthe, offrait une autre.

On l’asseyait dans un fauteuil ; on l’éventait.

Il se pâmait, clignait des yeux, comme un chat repu au soleil. Puis, il récita un autre sonnet en l’honneur de la duchesse, dans lequel il disait que la neige, honteuse de la blancheur de sa peau, avait imaginé une perfide vengeance et s’était transformée en