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qu’aimait les représenter Léonard de Vinci, des ombres légères se dissipaient comme la fumée.

Madonna Violanta Borromeo, par sa victorieuse beauté de brune aux yeux noirs, avait été, de l’avis de tous, déclarée la reine du bal. Comme avertissement aux amoureux, elle avait fait broder, sur le velours pourpre de sa robe, des phalènes d’or. Pourtant l’attention des raffinés n’allait pas vers madonna Violanta, mais vers Diana Pallavicini, dont les yeux froids étaient purs comme la glace, avec ses cheveux blond cendré, son sourire indifférent et sa parole lente et mélodieuse comme un son de viole. Elle était vêtue de damas blanc zébré de longs rubans vert pâle, couleur de varech. Entourée d’éclat et de bruit, elle semblait étrangère à tout, solitaire et triste, comme les pâles fleurs aquatiques qui sommeillent sous les rayons de la lune dans les étangs abandonnés.

Les trompes et les timbales sonnèrent, et les invités se dirigèrent vers la grande « Salle du jeu de paume ».

Sous le plafond de soie bleue constellé d’étoiles d’or, des traverses en forme de croix supportaient des cierges qui brûlaient en clous de feu. Du balcon servant de tribune pendaient des tapis de soie, des guirlandes de laurier, de lierre et de genévrier.

À l’heure, à la minute, à la seconde marquées par les astrologues (car le duc, selon l’expression d’un ambassadeur, ne faisait pas un pas, ne changeait pas de chemise, n’embrassait pas sa femme sans se conformer à la position des astres), Ludovic et Béatrice entrèrent dans la salle revêtus du manteau royal en