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loin, près de la herse qui défendait la petite cour intérieure du petit palais Rocchetto, des carrosses disgracieux sous leurs dorures, de mauvais équipages attelés de six chevaux, se pressaient, s’accrochant, déposant les seigneurs et les chevaliers enveloppés de précieuses fourrures de Russie. Les croisées gelées brillaient de mille feux.

En entrant dans le vestibule, les invités passaient entre une double rangée de gardes du corps ducaux – mameluks turcs, archers grecs, arbalétriers écossais et lansquenets suisses – scellés dans leurs armures et munis de lourdes hallebardes.

En avant se tenaient, sveltes et charmants comme des jeunes filles, les pages en livrées de deux teintes, garnies de duvet de cygne – le côté droit en velours rose, le côté gauche en satin bleu – avec, brodées en argent, sur la poitrine, les armes des Sforza-Visconti. Le vêtement était collant au point d’épouser tous les plis du corps, et seulement devant, à partir de la ceinture, tombait en gros plis creux. Ils portaient, allumés, de longs cierges de cire jaune et rouge, pareils aux cierges d’église.

Quand un invité entrait, le héraut criait le nom et les trompes sonnaient.

Alors s’ouvraient les appartements aveuglants de lumières – la « Salle des tourterelles blanches sur champ de gueule » ; la « Salle d’or », qui représentait une chasse ducale ; la « Salle écarlate », tendue de satin du haut en bas, avec, brodées en or, des torches flambantes et des seaux, emblème de la puissance