Et sans refermer la porte du placard dans lequel se trouvait Ludovic, elle s’approcha de l’armoire voisine.
« Et elle disait qu’elle ne savait pas mentir ! pensa le duc avec admiration. Quelle présence d’esprit ! Les femmes !… voilà auprès de qui, nous autres, empereurs, nous devrions apprendre la politique ! »
Béatrice et Lucrezia s’éloignèrent.
Ludovic respira librement, mais il continua toujours à tenir dans ses mains l’amulette-relique et l’amulette-momie.
— Deux cents ducats impériaux au couvent de Santa Maria delle Grazie, pour l’encens et les cierges à la Très Pure Sainte Défenderesse, si tout se passe sans incidents ! murmura-t-il avec ferveur.
La servante accourut, ouvrit le placard et, avec un sourire malin quoique respectueux, désemprisonna le duc en lui annonçant que la sérénissime duchesse venait de partir après avoir échangé de bienveillants adieux avec madonna Lucrezia.
Il se signa dévotement, retourna au studio, but un verre d’eau Aponitana, regarda Lucrezia, assise comme tout à l’heure près de la cheminée, la tête inclinée, le visage caché dans ses mains. Il sourit. Puis, à pas lents, il s’approcha d’elle doucement, par derrière, s’inclina et l’embrassa. La jeune fille frissonna.
— Laissez-moi, je vous prie, partez ! Oh ! comment pouvez-vous, après ce qui vient de se passer !…
Mais le duc, sans écouter, silencieux, couvrait son visage, son cou, ses cheveux, de baisers affolés. Jamais encore elle ne lui avait paru aussi ravissante ;