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Mais il n’avait nulle envie de rire. Il sortit de son vêtement une amulette qui contenait des cendres de saint Christophe, et une autre pareille qui renfermait le talisman à la mode – un morceau de momie égyptienne. Ces amulettes étaient tellement semblables que, dans l’obscurité et dans sa hâte, il ne savait discerner l’une de l’autre et, à tout hasard, se prit à les baiser ensemble en récitant une prière.

Tout à coup, il entendit la voix de sa femme et celle de sa maîtresse qui entrait dans la salle d’atours, et il fut glacé d’effroi.

Elles causaient amicalement. Il devina que Lucrezia faisait les honneurs de sa nouvelle maison, sur les instances de la duchesse. Béatrice ne devait pas posséder de preuves et ne voulait pas laisser percer ses soupçons.

Ce fut un duel de ruse féminine.

— Ici, ce sont encore des robes ? demanda Béatrice, en s’approchant de l’armoire dans laquelle se tenait son mari, plus mort que vif.

— De vieilles robes de maison. Votre Altesse veut-elle les voir ? répondit Lucrezia, calme.

Et elle entrebâilla la porte.

— Écoutez, ma chérie, continua la duchesse, où est donc celle qui me plaisait tant ? Vous l’aviez au bal d’été de Pallavicini. Des vermisseaux d’or sur un fond bleu vert…

— Je ne me souviens pas, répliqua tranquillement Lucrezia. Ah ! si, si !… Ici : probablement dans cette armoire !