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— Qu’est-ce ? demanda Domenico. Encore des dessins ?

— Des académies. Je n’y songeais plus. Mais hier une voix me dit : « Tu as, Sandro, dans ton grenier, encore quelques frivolités. » Je me suis levé et j’ai trouvé ces croquis de corps nus.

Le moine prit le rouleau et dit avec un joyeux sourire :

— Nous allons en allumer un bon feu, messer Filipepi !

Celui-ci contempla la pyramide.

— Ô Seigneur, aie pitié de nous ! soupira-t-il. Sans le frère Savonarole, nous serions tous morts sans repentir. Et encore maintenant, qui sait ? Aurons-nous le temps de racheter nos fautes ?

Il se signa, murmura une prière en égrenant son chapelet.

— Qui est-ce ? demanda Giovanni à un moine.

— Sandro Botticelli, le fils de Mariano Filipepi, répondit l’autre.

Giovanni écoutait tout, et la douleur s’empara de son âme à la vue de ces scènes de vandalisme, et il s’éloigna.

La nuit venue, un mouvement courut dans la foule :

— On vient, on vient.

Silencieux, environnés de ténèbres, sans hymnes, sans torches, vêtus de longues robes blanches, les enfants inquisiteurs s’avançaient, portant la statue de