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Sur la première marche du bas étaient réunis les masques, les costumes, les perruques et autres accessoires de carnaval. Sur les trois suivantes, les livres de libre-pensée depuis Anacréon et Ovide jusqu’au Décaméron de Boccace et au Morgante Maggiore de Pulci. Au-dessus des livres, les parures de femmes, les pâtes, les parfums, les miroirs, les limes à ongles et les pinces à épiler. Encore au-dessus, la musique, les mandolines, les cartes à jouer, les jeux d’échecs, tous les jeux qui satisfont le démon. Puis, les tableaux excitants, les dessins, les portraits de jolies femmes. Enfin, les bustes des dieux païens, des héros, des philosophes, sculptés dans le bois et modelés en cire. Tout en haut de l’édifice se dressait un énorme pantin qui figurait le diable, le créateur des « frivolités et anathèmes », rempli de soufre et de poudre, épouvantablement barbouillé de peinture, couvert de poils, les pieds fourchus, rappelant l’ancien dieu Pan.

Le crépuscule tombait. L’air était froid, sonore et pur. Les premières étoiles brillaient au ciel. La foule bruissait sur la place et se mouvait avec des murmures respectueux comme dans une église. Des hymnes religieux s’élevaient chantés par les élèves de Savonarole.

Les moines remuaient comme des ombres, occupés aux derniers préparatifs. Un homme, qui marchait à l’aide de béquilles, encore jeune, mais probablement paralysé, les mains et les jambes tremblantes, les paupières immobiles, s’approcha du frère Domenico Buonviccini, le principal ordonnateur, et tendit un rouleau au moine.