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Ovide, Apulée, Aristophane, les manuscrits rares, les éditions uniques, volaient sous les yeux de Merula.

Giovanni remarqua que le vieillard avait pu soustraire un tout petit livre de Marcellin, l’histoire de l’empereur Julien l’Apostat.

Voyant par terre une transcription des tragédies de Sophocle, sur parchemin pâte lisse, avec de délicates enluminures, Merula se précipita avidement, s’en saisit et supplia :

— Mes enfants ! mes mignons ! ayez pitié de Sophocle ! C’est le plus innocent des poètes ! N’y touchez pas !…

Il serrait avec désespoir le livre contre sa poitrine, mais sentant les feuillets se déchirer, il se prit à pleurer, lâcha l’in-folio et hurla de douleur impuissante.

Les enfants sortirent du palais et, passant devant Santa Maria del Fiore, se dirigèrent vers la place de la Seigneurie.


VII

Devant la sombre tour du Palazzo Vecchio, à côté de la loggia Orcagni, le bûcher était prêt, haut de trente coudées, large de cent vingt, et représentait une pyramide octogonale, clouée en planches et munie de quinze marches.